L’arrivée des flippers électroniques

L’âge d’or de l’électronique pour les flippers : 1975 – 1988

Le commencement du flipper électronique

Flipper Gottlieb CLEOPATRA

Dans les années 1970 la puce électronique partait à la conquête du monde. On commençait à équiper du microprocesseur nouvellement inventé les calculettes, les montres et même les pèse-personnes ; les flippers électriques se prêtaient particulièrement bien à leur utilisation et c’est ainsi qu’ils se trouvèrent à l’avant-garde de cette nouvelle technologie. Le premier flipper électronique, appelé Spirit Of76, fit son apparition au milieu de l’année 1975 (il ne faut pas le confondre avec celui de Gottlieb, qui date de l’année suivante). Produit par Mirco Games, une petite firme de Phœnix, dans l’Arizona, il se distinguait des autres jeux parce que les tambours pour le marquage des points avaient cédé la place à un affichage digital.

D’autres transformations affectent l’intérieur de la machine également : à présent c’était des minuscules puces électroniques qui faisaient le travail des rangées de relais et des mètres de fils électriques. Si l’affichage digital présentait un intérêt, le plateau de jeu et le graphisme laissaient beaucoup à désirer. On ne produisit que 100 exemplaires de Spirit Of76, car tout le monde attendait que l’on applique l’affichage digital à un jeu plus passionnant. Dès la fin de l’année, tous les fabricants s’étaient lancés dans la course à l’électronique, rivalisant afin d’être le premier à perfectionner la technique.

Le décollage du flipper électronique

Au début de l’année 1976, Allied Leisure Industries lança Dyn-O-Mite et le marché du flipper électronique s’envola. Dyn-O-Mite alliait à de nouveaux mécanismes tels que des eibles escamotables un graphisme s’inspirant de l’émission télévisée populaire Good Times avec pour vedette Jimmy Walker. Il en résultait un jeu amusant ainsi qu’un affichage de points digne de l’ère spatiale. Les joueurs se pressaient autour de Dyn-O-Mite et commença alors un nouvel âge du flipper. Malheureusement, Allied était un petit fabricant qui avait la réputation de négliger le contrôle de la qualité. Si l’affichage électronique ravissait les joueurs, les propriétaires de salles de jeux n’étaient pas satisfaits des antécédents de Allied et la plupart d’entre eux attendirent la sortie d’une machine issue de l’un des « grands » fabricants.

Il ne fallut pas longtemps pour que Bally, leader dans son domaine, produise ses propres flippers électroniques. Dès la fin de l’année, Freedom et Vight Rider de Rally sortirent en version mécanique et électronique. Les autres firmes se mirent bientôt à produire aussi des flippers électroniques, mais c’est Bally qui s’imposa dans ce domaine, grâce à des chiffres de vente trois fois plus élevés que ceux de tous ses concurrents réunis. La technologie des semi-conducteurs ouvrait de nouvelles perspectives en matière de conception de flippers électroniques. Mais la précision de l’affichage mécanique des points était assez limitée. Par contre, les flippers électroniques étaient capables de « ‘mémoriser » toutes les cibles atteintes, fournissant aux joueurs des résultats plus précis.

Les avantages du flipper électronique

Les machines électroniques étaient conçues pour un jeu plus rapide parce que l’électronique récemment introduite pouvait enregistrer les points obtenus par la bille la plus rapide. Il est intéressant de constater que les circuits électroniques à l’intérieur des machines sont capables de calculer instantanément les points qu’obtient la bille. Les fabricants apprirent que les joueurs aiment entendre s’afficher de gros bonus par lots de 1 000 points, ainsi que les signaux sonores qui se déclenchent lorsqu’on atteint des cibles rapportant beaucoup de points, ce qui fait que l’on programme les flippers électroniques de manière à ce qu’ils enregistrent les points le plus rapidement possible tout en faisant retentir suffisamment de signaux sonores pour satisfaire les joueurs.

En novembre 1977, Bally inaugura Eight Balls, une machine qui illustrait toutes les possibilités de la nouvelle technologie. Le plateau de jeu, conçu par George Christian, n’avait rien d’original. L’illustrateur Paul Faris s’inspira de la série télévisée populaire Happy Days pour le graphisme de la machine, tournant autour du flipper. Mais le jeu permettait ce dont aucun autre flipper électrique n’était capable, parce qu’il était équipé d’une mémoire ! Eight Balls se rappelait quelles cibles la première bille avait touché, et quand le joueur commençait la partie avec la deuxième, ces cibles-là restaient allumées. Eight Balls atteint un record de production, avec 20 230 exemplaires, record jamais égalé à l’heure actuelle. Pendant que Bally produisait Eight Balls, Gottlieb, Williams et Stern fabriquaient des flippers électroniques de leur côté. Sinbad de Gottlieb (1977) avait quatre flippers alignés en bas du plateau de jeu : il fut l’un des plus populaires que la firme ait jamais conçu.

Flipper Gottlieb TORCH
Réparation Flipper Gottlieb Sinbad Mécanique

Les technologies électroniques de Gottlieb

Gottlieb, tout en lançant des machines telles que Cleopatra (1977) et Joker Poker (1978), continuait à produire des flippers mécaniques pour les quelques joueurs qui se sentaient plus à l’aise avec le style de machine qui les avait vus grandir, même si le flipper électronique était manifestement l’avenir. La technologie des semi-conducteurs fit aussi baisser les coûts de fabrication, ce qui permit aux fabricants de concevoir toutes leurs machines pour quatre joueurs. Depuis que les tambours à score avaient fait leur apparition dans les années 1950, une machine destinée à plusieurs joueurs coûtait plus cher à la production que son équivalent pour joueur seul; dans les années 1970, un flipper électrique pour quatre joueurs pouvait coûter 150 $ de plus qu’un modèle s’adressant à deux joueurs, raguel dépassait déjà de 100/S le prix d’un jeu pour joueur houl: à cette époque la différence représentait beaucoup d’argent.

Les machines pour utilisateurs seuls disparurent donc, même si Gottlieb se hasarda à lancer Asteroid Annies And The Aliens, machine à un joueur de 1980, qui fut un désastre. Bally adopta la politique inverse avec son The Six Million Dollar Man (1978), jeu électronique pour six joueurs. L’idée fut lancée par Norman Clark, responsable de la production chez Bally, le flipper conçu par Greg Kmiec et illustré par David Christensen, d’après la série télévisée du même nom. Bien qu’on en eût construit plus de 10 000 exemplaires, les joueurs n’utilisèrent pratiquement jamais cette machine au maximum de ses capacités, ce qui, d’après Clark, fut une de ses plus grandes déceptions dans le domaine de la conception. Dès 1978 les fabricants de flippers électriques n’arrivaient plus à fournir assez de nouveaux jeux. On trouvait les machines partout et au fur et à mesure que l’engouement pour ce jeu croissait, de nouveaux fabricants firent leur apparition pour satisfaire la demande.