Invention du flipper : histoire des premiers flippers et leurs évolutions

Pour la plupart des joueurs, le flipper électrique est une combinaison de mouvements de flippers effectués au bon moment, de bille frénétique, de lumières qui s’allument et de sons agréables. Les premiers flippers électriques n’avaient aucune de ces caractéristiques et différaient énormément de ce que les gens considèrent comme un flipper électrique aujourd’hui. Le flipper électrique a pour origine le flipper américain, un jeu dans lequel on envoie des billes sur un plateau parsemé de trous affectés d’un certain nombre de points. Bien que le flipper américain soit devenu un jeu de salon à succès chez les gens aisés à la fin du XIXe siècle, les premiers flippers américains à sous ont commencé à faire leur apparition à la fin des années 1920. 

La plupart de ces engins que l’on posait sur une table étaient faits à la main et on y jouait essentiellement en des lieux fréquentés par les hommes, tels que les saloons et les boutiques de coiffeurs. Des fabricants de flippers américains se trouvaient dispersés sur tout le territoire mais la plupart étaient groupés à Chicago. Parce qu’elle occupait une position géographique centrale et que l’on y trouvait le matériel nécessaire pour la fabrication des machines, Chicago devint vite la capitale mondiale du flipper, titre qu’elle détient encore aujourd’hui. 

 

La production des premiers flippers

En 1930, un jeune homme d’affaires du nom de David Gottlieb achète les droits de fabrication de Bingo, un jeu de flipper mécanique à sous fabriqué par une firme appelée The Bingo Novelty Company. La machine connut un succès limité mais incita Gottlieb à créer une machine de son cru, et un peu plus tard, la même année, il lance Baffle Ball. Gottlieb produisait depuis plusieurs années des machines à sous, mais c’est Baffle Ball qui fit de D. Gottlieb & Co. le premier fabricant mondial de flipper mécanique à connaître le succès. On vendit plus de 50 000 exemplaires de Baffle Ball en 1931,à 17,50 $ l’unité. Même au plus sombre de la Grande Dépression de 1929, des joueurs inséraient leurs pièces d’un cent dans Baffle Ball (qui donnait droit à 7 billes).

Avec ses dimensions d’environ 40 × 60 cm, Baffle Ball représentait le jeu de flipper typique vendu à l’époque. Bien qu’il fût possible de se procurer des pieds en option, Baffle Ball fut conçu comme un jeu à poser sur un comptoir. Il comportait cinq trous à valeur élevée au centre du plateau de jeu ;si les billes passaient à côté de ces trous, elles roulaient jusqu’aux trous de moindre valeur au bas du jeu. Baffle Ball ne comportait pas de flippers et ne fonctionnait pas à l’électricité, le seul bruit perceptible était celui que faisaient les petites billes d’acier heurtant les clous.

En 1931, Raymond Maloney, un des concessionnaires de Gottlieb, forma la firme Lion Manufacturing Company pour produire son propre flipper appelé Ballyhoo. Ce dernier eut autant de succès que Baffle Ball, et Maloney changea le nom de sa compagnie en “Bally” de manière à refléter le succès du jeu. Ballyhoo, qui coûtait 16,00$, était moins cher que Baffle Ball et se vendait même avec une fente pour les pièces de 5 cents, ce qui atteste du succès du flipper mécanique. Les deux modèles, Baffle Ball et Ballyhoo confondus se vendirent à plus de 100 000 exemplaires et d’autres fabricants de flippers mécaniques se jetèrent dans la compétition. 

Le concessionnaire Chicago Coin, firme fondée par Sam Wolberg et Sam Gensbert en 1931, fut l’un des nombreux fabricants à produire des flippers mécaniques pendant plus de quarante ans. D’autres pionniers de la fabrication de flippers mécaniques, qui connurent du succès dans les années 1930 (et au-delà), furent Daval, Stoner, Keeney, Exhibit et Genco. À l’époque, plus de 150 compagnies revendiquent le titre de fabricant de flipper mécanique ! La plupart étaient des firmes minuscules employant une ou deux personnes, qui fabriquaient des machines faites à la main dans un garage ou un sous-sol pour satisfaire l’énorme marché que suscitait la demande. La plupart disparurent sans laisser de traces. 

 

Les premières innovations dans les flippers

Dès 1933,les constructeurs firent preuve de plus d’inventivité, cherchant à se démarquer de leurs concurrents. Rock-Ola, une firme qui eut un succès phénoménal avec ses juke-box, sortit plusieurs flippers, dont “World’s Fair Jig Sat” (1933) commémorant la foire de 1933 qui s’était tenue à San Francisco. “World’s Fair Jig Sat” incluait un puzzle caché au milieu du plateau de jeu ; mettre la bille dans les trous appropriés faisait se retourner des morceaux du puzzle, et les bons joueurs étaient récompensés en révélant la totalité du puzzle. 

“World’s Fair Jig Sat” fut typique de la majorité des machines de 1933, lesquelles faisaient la part de plus en plus belle à la décoration. Les machines des générations antérieures comportent peu de décoration artistique, beaucoup comme Ballyhoo offraient une explosion de couleurs, même si la décoration se limitait au début à des formes et des motifs destinés à accrocher l’œil. Cependant, “World’s Fair Jig Sat” d’autres machines apportent visuellement un plus aux joueurs. On cherchait de nouveaux thèmes et la décoration était de plus en plus sophistiquée. 

L’arrivée de Contact sur le marché représente un autre grand pas en avant dans l’évolution du flipper mécanique. Conçu pour Pacific Amusement Manufacturing par Harry Williams, Contact fut le premier flipper mécanique fonctionnant avec une batterie. Si la bille tombait dans un trou spécial sur le plateau de jeu, un mécanisme électrique à solénoïde éjectait la bille, tout en faisant retentir une sonnerie (ce qui faisait de Contact le premier flipper sonore). Cannon Fire de Mills (1934) était un autre flipper alimenté avec une batterie (il en utilisait six) et comportait quatre mécanismes à solénoïde qui propulsaient les billes d’un côté et d’autre du plateau de jeu. La publicité pour la promotion imaginée par Mills disait : “Cannon Fire est varié, il offre plus de 124 000 coups différents ! Son mécanisme simplifié garantit un fonctionnement sans problème. C’est un grand plateau de jeu, une belle machine moderne, sa durée de vie s’évalue en années et non en semaines”.

Rebound de Exhibit (1934) était un autre flipper mû par des batteries promettant “des émotions sur deux niveaux” à en croire la firme. Rebound comprenait un propulseur électrique qui allongeait le parcours de la bille. Mais ce nouveau mécanisme coûtait trop cher entre 35$ et 40$. On munit alors les flippers de transformateurs en 1935, ce qui permit de les brancher au réseau. A cette époque presque toutes les machines comportent des mécanismes à solénoïde, la grande vélocité des billes et les sonneries étaient choses courantes. Pourtant quelques fabricants continuaient à produire des machines alimentées par des batteries. Une firme, Evans, construisit même une machine entièrement mécanique appelée Kings of the Turf en 1935, prétendant que son flipper était plus fiable que les machines équipées de batteries.

L’électricité ouvrait de nouvelles perspectives de stratégies aux joueurs, qui se trouvaient encouragés à réaliser un nombre de points élevé en se basant sur l’affichage lumineux. La méthode consistant à faire s’éteindre les lumières sur l’affichage du flipper avait du succès parce que les machines pouvaient réagir en fonction du nombre de points que marquaient les joueurs. Dès la fin de la décennie, l’extinction progressive de l’affichage lumineux était devenue la stratégie la plus appréciée sur les flippers. Bang de Genco (1939) le reflétait bien quand la publicité qui l’accompagnait vantait les trous récompensant l’adresse et vous tenant en haleine, qui « faisait s’éteindre quatre lumières d’un coup… si bien que le joueur peut faire s’éteindre les 12 lumières et remporter la partie avec seulement trois billes. Irrésistible!”. 

 

L’évolution des premiers flippers américains

À l’époque, le format des flippers américains évolua ; depuis le temps des petits flippers que l’on posait sur le comptoir, la plupart des jeux utilisaient de petites boules d’acier grosses comme des billes d’enfant. Ces billes conviennent fort bien aux premiers flippers américains ; la puissance électrique solénoïdale équipant la plupart des jeux des années 1930 était faible comparée à celle d’aujourd’hui, mais elle suffisait à propulser ces toutes petites billes sur le plateau de jeu. Lorsque la taille des flippers s’accrut vers la fin de la décennie, on remplace progressivement les boules par les billes plus grosses que l’on trouve actuellement sur les flippers. 

À la fin des années 1930, tous les mécanismes complexes qui propulsaient de toutes petites billes vers le haut du plateau étaient remplacés par des mécanismes à action verticale, les billes marquant des points en roulant simplement vers le bas du plateau. Mais les flippers américains perdaient de leur attraction au milieu des années 1930 et il ne restait qu’une poignée de fabricants. Certains pensaient que le flipper mécanique n’était qu’une mode passagère qui avait fait son temps. 

On lança de nouvelles idées pour tenter de reconquérir un public de joueurs de flipper mécanique. Les fabricants de flippers mécaniques essayèrent de rendre l’appareil plus attrayant en fabriquant des machines jackpots à une seule bille. Ces engins récompensaient en espèces le nombre de points élevé du joueur. Tycoon de Mills était typique de ce genre de flipper mécanique – machine à sous – à une seule bille. Il était muni de sept réceptacles à monnaie au bas du plateau de jeu ; le joueur “pariait » sur le réceptacle dans lequel il pensait que la bille viendrait rouler, en insérant sa pièce de 5 cents dans l’une des fentes. “Tycoon non seulement vous tient en haleine, mais il est connu pour mettre à l’épreuve l’habileté de chacun, car le joueur peut vraiment chercher, grâce à sa bille unique, à augmenter la récompense qui sera sienne si la bille roule dans le trou qu’il choisit. » 

 

La mauvaise image des flippers

Les flippers – machines à sous ternissent considérablement l’image de marque du flipper mécanique, et ce dans plusieurs domaines.Nombre de villes et d’états assimilent les flippers mécaniques aux machines à sous et les interdirent comme étant des engins de tripot. La plupart des flippers mécaniques utilisés à l’époque n’étaient conçus que pour la distraction et ne comportaient aucun système de jackpot; malgré cela beaucoup de législateurs et d’élus, incapables de faire la différence entre les types de machines, interdirent tous les flippers mécaniques, avec ou sans jackpot. 

On associe aujourd’hui encore cette image négative aux flippers mécaniques dans certaines régions des états unis. Certains flippers mécaniques faisaient gagner des tickets plutôt que de l’argent. Ils furent pour la plupart fabriqués entre 1934 et 1938 comme substitut au jackpot. Les joueurs ayant obtenu un nombre de points élevé pouvaient échanger ces tickets contre des parties gratuites, des prix ou même de l’argent, mais les flippers mécaniques distribuant des tickets ne connurent jamais le même succès que les jackpots auprès des joueurs.

Alors que les flippers-jackpots étaient controversés dans certaines régions, on inventa à peu près à la même époque un nouveau système de récompense pour les joueurs. Jusqu’aux environs de 1935, les flippers mécaniques ne pouvaient récompenser les bons joueurs qu’en leur procurant le plaisir d’une partie, même si en certains lieux on offrait des prix hebdomadaires (tels qu’un paquet de cigarettes) au joueur ayant obtenu le nombre de points le plus élevé de la semaine. 

Mais à partir de Flash de chez Rock-Ola en 1935, les flippers mécaniques commencèrent à gratifier les joueurs de parties gratuites. Celles-ci récompensaient des résultats élevés et la chute de la bille dans un trou spécial donnant droit à une partie gratuite. Gold Rush, autre jeu de Rock-Ola en 1935, proposait une combinaison de machines à sous et de partie gratuite. Comme sur la plupart des flippers offrant une partie gratuite, les trous donnant le droit de rejouer se trouvaient stratégiquement placés sous des obstacles, là où la bille avait assez peu de chances de tomber. Cependant Gold Rush était également une machine à sous à une bille qui donnait aux joueurs une chance de gagner mieux qu’une partie gratuite : de l’argent. 

Dans certaines régions on accepta plus facilement les flippers mécaniques à partie gratuite que la variété machine à sous, pourtant certains législateurs considérèrent que même une partie gratuite constituait une “chose de valeur » et interdirent ces machines considérées de ce fait comme machines à sous. On construisit alors deux variantes de certains flippers mécaniques, une pour la seule distraction et l’autre pour les parties gratuites. 

Création d’un mécanisme anti triche

En 1934. Harry Williams (le concepteur de Contact) inventa un des mécanismes de flipper mécanique les plus notoirement impopulaires : le mécanisme détectant l’inclinaison de la machine. Jusqu’alors il n’existait pas de moyen fiable d’empêcher les joueurs de soulever et de secouer les machines pour atteindre des scores élevés. En fait, les jeux légers que l’on posait sur le comptoir constituaient presque une invitation à la tricherie et les propriétaires trouvèrent nombre de manières ingénieuses d’empêcher les joueurs de maltraiter les machines. Une méthode consistait à lester les flippers avec des sacs de sable. Une autre (plus douloureuse) était de fixer des clous pointus dépassant sous le flipper pour que les joueurs ne tapent pas sur le fond de la console. 

Signal de Bally (1934) fut le premier flipper mécanique incorporant le mécanisme anti-tricherie de Williams, qui au début s’appelait un « mouchard’. Une petite bille d’acier se trouvait en haut d’un socle de 2,5 cm, et si on heurtait la machine, la bille tombait du socle sur un anneau métallique, fermant un circuit électrique et mettant ainsi fin à la partie. Williams rebaptisa son mécanisme anti-tricherie « tilt’ après avoir entendu des joueurs utiliser le terme. Les premiers mécanismes détectant l’inclinaison étaient visibles des joueurs et comportaient même une minuscule flèche qui en temps normal indiquait « OK” mais se plaçait sur « Tilt » si le joueur déclenchait le mécanisme. 

En 1935 Williams inventa le « tilt » pendulaire. Une chaînette pendait au milieu d’un anneau métallique; si elle entrait en contact avec l’anneau du fait de secousses excessives, la partie s’arrêtait. Les flippers actuels utilisent un mécanisme pratiquement semblable remplaçant la chaînette par une masse de fil à plomb conique. 

 

Un nouveau système d’affichage des scores

Les flippers devinrent plus hauts dans les années 1930, car les fabricants les ayant munis de pieds, abandonnaient ainsi le système de flipper de comptoir. C’est à peu près à la même époque que des petits tableaux d’affichage commencent à faire leur apparition en haut des plateaux de jeu, et certains fabricants utilisent cette partie de la machine pour l’affichage automatique des points. Rock Elite de Bally fut le premier flipper incorporant l’affichage automatique des points sur le panneau vitré.

Au fur et à mesure que les panneaux arrière gagnèrent en taille dès la fin des années 1930, on ajouta davantage de décorations. Les fabricants se mirent à utiliser cet espace supplémentaire en y ajoutant des animations. Des personnages animés sautillaient dans tous les sens sur le panneau arrière, attirant l’attention (et une partie gratuite) lorsque les joueurs atteignaient certaines cibles.

Taps de la firme Harry Hoppe Corp., par exemple, faisait figurer un chanteur-danseur noir qui se lançait dans un bref numéro de danse. L’animation des flippers et le jeu étaient souvent synchronisés. Fifth Inning de Bally (1939) avait pour thème le base-ball et on y voyait sur le panneau arrière de tous petits joueurs de métal autour d’un terrain de base-ball. Fifth Inning reflétait bien la manière dont on utilisait des animations pour attirer des joueurs et elles continuèrent à avoir du succès jusque dans les années 1970.

 

Un nouveau système de points

Une des évolutions les plus importantes du flipper dans les années 1930 apparut sur Bumper de Bally (1936). Jusque-là le nombre de points obtenus dépendait exclusivement du trou dans lequel la bille tombait. Pour la première fois, un flipper comme Bumper comportait des butoirs constitués d’une courte tige métallique entourée d’un ressort enroulé. Quand la bille touchait ces butoirs, on marquait des points. Les butoirs devinrent rapidement un moyen très populaire de marquer des points, et de nombreuses machines (tels que Airway de Bally en 1937) ne comportaient que des butoirs sur le plateau de jeu.

La fascination que suscitent les butoirs chez les joueurs dura jusqu’au début des années 1940. Bowling Alley de Gottlieb (1940) avait dix butoirs (correspondant à des quilles de bowling) qui donnaient droit à une partie gratuite. Très peu de flippers de cette époque avaient moins de dix butoirs, et la plupart en comportaient beaucoup plus. Ali Baba de la firme Stoner (1940) détient peut-être le record avec le nombre incroyable de 24 butoirs ! Ces butoirs de la première génération ne comportaient pas de mécanisme de renvoi à solénoide et se contentent d’enregistrer les points, mais ils constituaient l’essentiel de la stratégie du jeu. 

High-Lite, de la firme Daval (1939), faisait partie des nombreux flippers comportant des butoirs éclairés. High-Lite était : «Un chef-d’œuvre combinant des points élevés et la disparition progressive des lumières, avec des récompenses à chaque stade ! Il associe les deux grands principes qui ont toujours attiré les joueurs : atteindre un nombre de points élevé, avec éclairage des points obtenus et des bonus à chaque stade… et en plus la disparition progressive des lumières avec des gratifications progressives quand tous les butoirs éclairés sont éteints ! Quelle combinaison !… et quel jeu ! » 

Les fabricants ne pouvaient créer que des combinaisons limitées sur le plateau de jeu, avec les quelques mécanismes disponibles de l’époque, si bien que d’autres innovations se mirent à voir le jour. Lot-O-Smoke de Gottlieb (1939) faisait figurer sur la vitre du panneau recettes connues pour attirer les jeunes joueurs de flipper, des hommes pour la plupart. 

Quelques gadgets faisaient aussi leur apparition sur les flippers, comme l’éliminateur de porte-malheur équipant Pick-Em de Bally (1939), un flipper muni de douze butoirs numérotés. Le but du jeu était d’atteindre les douze butoirs, et l’innovation de Bally permettait aux joueurs de choisir un butoir “libre » qu’il n’était pas nécessaire d’atteindre. Chaque joueur a son numéro de butoir “à poisse » qu’il estime particulièrement dur à atteindre.. et Pick-Em permet au joueur d’éviter le butoir « porte poisse » avant même d’envoyer la bille sur le plateau ! Il lui suffit de tourner le cadran de sélection (sur

la façade de la machine) pour « repérer son propre numéro », selon Bally. Gottlieb utilisait un mécanisme similaire sur son modèle Lite-O-Card de 1940.

 

Un attrait du flipper revu à la baisse

Le flipper mécanique n’attirait plus beaucoup de joueurs à la fin de la décennie ;lorsque prit fin la Grande Dépression et que la prospérité revint, la petite bille argentée avait perdu de son charme. Même si le flipper mécanique avait subi une évolution graduelle (mais étonnante) en seulement dix années, ce jeu n’offrait plus de grande surprise; chaque machine avait une disposition de butoirs comparable et la manière dont les billes circulaient vers le bas du plateau de jeu ne prêtait qu’à un nombre de variations limité. Alors que les collectionneurs actuels recherchent des flippers mécaniques de toute époque, ceux de la fin des années 1930 et 1940 semblent susciter un intérêt moindre.

 

Fini les flippers, place à la guerre …

En 1942, lorsque l’économie américaine commença à s’orienter vers l’effort de guerre, la fabrication de flippers mécaniques s’arrêta. Gottlieb, Bally, Genco, Exhibit, Keeney et d’autres convertissent leurs chaînes de production pour assembler des objets tels que des pièces de mitrailleuses, des éléments de roquettes et des équipements de parachute.

Même s’il n’était plus possible de produire des flippers neufs complets à cause de la guerre, plusieurs petites firmes entreprirent de mettre sur le marché des ensembles de conversion destinés à transformer les machines existantes en « nouveaux » jeux, pour satisfaire la demande.

On fournit une nouvelle vitre de panneau arrière (portant des décorations et un nom différents) ainsi qu’un nouveau revêtement en plastique pour les plateaux de jeu afin de donner une apparence neuve aux flippers. Beaucoup de ces ensembles de conversion avaient pour thème la guerre, comme Smack the Japs de 1943, par la firme Victory Games, Victorious en 1944, par la firme Westerhaus et Invasion de 1943, également par Westerhaus. Cependant on trouvait déjà des flippers mécaniques ayant pour thème la guerre depuis le milieu des années 1930 avec Bomber de 1935, produit par Rock-Ola. Mais la plupart de ces fabricants d’ensembles de conversion disparurent sans laisser de traces avant la fin de la guerre.

La guerre interrompit la production de flippers mécaniques, mais dès 1945, l’économie américaine retrouve un rythme normal. Tous les principaux fabricants recommencèrent donc à produire à nouveau des flippers, et le flipper mécanique revenait sur la scène.